الخميس، 24 مارس 2011

La guerre de l'information


Une nouvelle unité a été formée pour engager la guerre virtuelle de Tsahal : celle des relations publiques. Ligne de front : Facebook, You Tube et Twitter.

"Internet, et particulièrement les réseaux sociaux, Web 2.0 et les blogs, gagnent en influence. Ils sont un incroyable moyen de diffusion de l'information", explique Aliza Landes, à la tête de l'unité créée au mois de septembre. "Facebook compte autant d'inscrits qu'il y a d'habitants aux Etats-Unis. Pour nous, c'est une grande opportunité de toucher un public que nous serions incapables d'atteindre d'une autre façon", explique-t-elle.

Ce n'est que très récemment qu'Israël s'est sérieusement décidé à utiliser l'outil Internet, au cours de l'opération Plomb durci plus exactement. L'armée avait lancé une chaîne sur Youtube en décembre 2008 : Tsahal retransmettait des vidéos d'attaques aériennes sur Gaza, dont un missile avorté au dernier moment lorsque des officiers ont réalisé que des civils se trouvaient dans la zone visée.

Selon Landes, près de 8,5 millions de personnes ont regardé ces vidéos. Depuis, 1 485 internautes suivent l'armée sur Twitter et un blog militaire a été lancé sur Facebook. "Nous n'en sommes qu'au commencement", précise Landes lors d'une interview téléphonique avec le Jerusalem Post.

Selon Jonathan Spyer, chercheur politique au centre interdisciplinaire d'Herzliya, la nouvelle unité du porte-parole de l'armée sera plus que "bénéfique" pour les relations diplomatiques de Jérusalem. Depuis le 5 novembre dernier, une résolution de l'Assemblée générale des Nations unies exhorte l'Etat hébreu à ouvrir des enquêtes indépendantes sur les actions de Tsahal pendant Plomb durci.

La plus récente opération médiatique de l'unité remonte à la saisie le mois dernier d'un navire chargé d'armes et qui naviguait vers la Syrie. Israël avait exposé l'arsenal saisi aux yeux du monde. L'équipe de Landes s'était alors assuré que les bloggeurs, "des éléments clés et cruciaux" selon elle, disposaient des informations officielles, au même titre que les média traditionnels. "Je veux être certaine qu'ils ont la même légitimité", explique la militaire.

Et de conclure : "Il ne s'agit pas simplement de lutter contre la désinformation. Nous voulons aussi capter un nouveau public et ouvrir le dialogue avec des gens partout dans le monde."

WikiLeaks ou "la guerre de l'information"


Attaques informatiques, pressions politiques... Tout est bon pour mettre hors ligne le site qui divulgue les notes diplomatiques américaines. C'était sans compter sur la rébellion des internautes.

WikiLeaks ou "la première guerre de l'information". L'expression a été lâchée par l'essayiste américain John Perry Barlow. "La première guerre de l'information est maintenant engagée. Le terrain de cette bataille est WikiLeaks. Vous êtes les troupes", écrit-il sur Twitter.

Un message aujourd'hui repris par le groupe de hackers des Anonymous qui appellent tous les internautes à s'engager et "se battre [pour] le futur de l'Internet". Un discours belliqueux qui reflète la tension entre les pro- et les anti-WikiLeaks.

Avec la divulgation au compte-gouttes de 251.287 notes diplomatiques américaine confidentielles, le site WikiLeaks ne s'est pas fait que des amis, loin de là... La manœuvre a largement été dénoncée par les Etats-Unis, parlant de "crime". Un message repris à l'international par de nombreux pays. "Il faut qu'on soit très solidaires au niveau des Etats pour lutter contre ce qui est une menace" contre "l'autorité et la souveraineté démocratique", a insisté le porte-parole du gouvernement français, François Baroin.



Pressions politiques, attaques informatiques et interdits bancaires

Les Etats-Unis se sont échinés à entraver les divulgations de WikiLeaks. Amazon a, par exemple, cessé d'héberger WikiLeaks à la suite d'une requête du sénateur américain Joe Lieberman, sans plus d'explications, laissant planer un soupçon de pressions politiques. Par la suite, la société américaine EveryDNS.net a tout simplement effacé le nom de domaine "wikileaks.org", arguant d'attaques informatiques incessantes contre le site. Des attaques bien réelles, mais qui ne suffisent pas à légitimer la suppression d'un nom de domaine déposé.

Depuis le début de ses révélations, WikiLeaks est la cible de nombreux pirates qui tentent de rendre le site inaccessible. Des pirates personnifiés par le hacker nationaliste Jester qui a revendiqué batailler contre "WikiLeaks [qui] met en danger la vie de nos soldats".

Après les cyber-attaques, WikiLeaks a dû jouer avec les interdits bancaires. Le premier a été le service de paiement en ligne PayPal qui a décidé de "restreindre de façon permanente l'accès au compte utilisé par WikiLeaks", alors que la société collectait de nombreux dons faits à l'organisme. Par la suite, MasterCard et Visa ont bloqué toute transaction vers le site.

Appel au boycott et au DDoS

Il n'en fallait pas plus pour que de nombreux internautes se soulèvent en faveur de WikiLeaks. Un certain nombre d'entre eux ont ainsi créé des "sites miroirs", permettant de toujours garder une version accessible du site. De même, l'ensemble des documents révélés ne cesse de s'échanger via les réseaux peer-to-peer, en particulier sur le site The Pirate Bay, afin de ne jamais disparaître.

Par ailleurs, le groupe de hackers des Anonymous a affiché un soutien clair à WikiLeaks, appelant les internautes à "boycotter" PayPal et même à l'attaquer avec des déni de service (DDoS) visant à saturer le site en requêtes. Le blog officiel de la société a ainsi été mis hors ligne, avant des attaques contre le site officiel Paypal.com.

Un appel à "retirer tous ses dollars" de PayPal a également été lancé par le site The Pirate Bay, s'inspirant de l'initiative d'Eric Cantona pour les banques.

Enfin, le site officiel de MasterCard a également été mis hors ligne après plusieurs attaques revendiquées par les Anonymous. La nouvelle cible étant le site Visa.com.



La France, relai des Etats-Unis


En France, WikiLeaks soulève également son lot de réactions. Du côté du gouvernement, le ministre chargé de l'Economie numérique, Eric Besson, a réclamé la fin de l'hébergement du site par le Français OVH, réfutant toute "censure".

Une "action [qui] ne semble se baser sur aucune loi qui rende le site illégal", souligne le Parti Pirate. Au contraire, "elle semble se baser sur la préservation des élites dirigeantes que la divulgation des informations en possession du site WikiLeaks pourrait mettre à mal", avance le parti.

"C'est la première fois que nous observons une tentative de censure à l'échelle internationale d'un site dont la vocation première est la transparence", s'est indigné Reporters Sans Frontières. "Nous ne pouvons qu'être sidérés par le fait que des pays comme la France et les États-Unis alignent soudain leur politique en matière de liberté d'expression sur celle de la Chine", a poursuivi RSF.

L'hébergeur OVH a saisi les tribunaux sur la "légalité ou pas de ce site sur le territoire français". Autant à Lille qu'à Paris, les tribunaux de grande instance ont rejeté les requêtes, renvoyant OVH devant ses responsabilités. Un répit, avant une nouvelle tentative d'entrave...

"Deux camps s'affrontent dans un combat qui pourrait être l'un des plus importants que nous ayons à mener pour l'avenir de nos démocraties", résume enfin la Quadrature du net.

Référence:

الأحد، 13 مارس 2011

Réseaux sociaux, pères des révoltes ?

Iran, Tunisie, Égypte, Libye : chaque nouveau soulèvement semble avoir été lancé par Facebook ou Twitter. Mais renverser un régime grâce aux réseaux sociaux n’est pas aussi simple !

Difficile de nier que le web 2.0 - cet Internet participatif où l’utilisateur crée et partage les contenus – ait facilité les récentes « révolutions » nées dans le monde arabe. Mais la portée de son pouvoir démocratique fait débat. Pour les optimistes, aucun autocrate ne pourra plus empêcher son peuple de savoir et d'échanger ; donc de se révolter. Les pessimistes, eux, dénoncent "l'illusion du net" qui confond capacité de communiquer et liberté d'agir démocratiquement. Et critiquent l'utopie selon laquelle seules les forces du Bien sauront faire usage des réseaux. Ce qui permet de s'exprimer permet aussi de désinformer et de repérer. Donc de réprimer.




Ce sont des foules aux mains nues qui font les révolutions



Les réseaux sociaux, comme les médias, offrent tout d’abord la possibilité de créer un espace public pour diffuser nouvelles et opinions. Ensuite, ils servent à se coordonner rapidement (pour lancer, par exemple, une manifestation avant que la police ne réagisse). Enfin, ils peuvent amplifier l'écho d’une action (et dénoncer les crimes adverses) en touchant les médias étrangers, et éventuellement une diaspora sensible aux malheurs du pays.


Toutefois, si blogs et réseaux sociaux sont complémentaires, ils ne forment pas un univers isolé des autres médias : les télés satellite ou Al Jazeera jouent ainsi un rôle indéniable de lien l’opinion arabe hors des frontières.


Surtout, si les réseaux sociaux ne favorisent pas automatiquement la passivité (ni ne bornent l'action politique à une vague participation par écran interposé), d'autres médiations sont nécessaires pour échauffer les passions jusqu'à l'incandescence révolutionnaire. Les morts de Tunisie ou d'Égypte n'étaient pas virtuels. Ce sont des foules face aux hommes armés qui font les révolutions, pas les gazouillis de Twitter.




Les réseaux peuvent tout : une vieille rengaine



L'idée que les réseaux favorisent mécaniquement l'épanouissement démocratique et qu'ils sont le pire cauchemar des dictatures n’est pas nouvelle. Souvenons-nous que dès les années 90, il était question d'autoroutes de l'information et non de Web 2.0 ou 3.0. Le thème de la contagion électronique libertaire était déjà à la mode. Une telle idée fait d’ailleurs partie de la batterie d’armes standards de la diplomatie américaine, CIA comprise. Ainsi, Hillary Clinton, dans un fameux discours de janvier 2010, surnommé de "cyberguerre froide" promettait que les Etats-Unis soutiendraient toutes les "cyberdissidences" (c'était avant Wikileaks…). Depuis, la Secrétaire d'État a du en rabattre...


Les Européens de l'Est n'ont pas attendu la blogosphère pour faire tomber le mur de Berlin en 1989 et, vingt ans plus tard, les Iraniens ont eu beau twitter les images de la répression, cela n'a pas fait chuter Ahmadinejad.


N’oublions pas également que la maitrise des réseaux sociaux n’est pas univoque : les e-jihadistes ne sont pas moins habiles que les démocrates à utiliser ces technologies. Par ailleurs, s’il existe en Chine plus de 400 millions d'internautes et 200 millions de blogs, le pouvoir parvient tout de même à contrôler l'opinion.


Par conséquent, la guerre du web 2.0 aura peut-être lieu, mais il n'est pas si sûr que les peuples démunis et les branchés gagnent à tous les coups face à l'État.
François-Bernard Huyghe